arctique 01L'essentiel de ce qu'il faut savoir sur l'Arctique se trouve résumé dans cet arcticle. Si vous ne devez en lire qu'un, c'est celui-ci. Attention, méfiez-vous, après cette lecture, vous risquez fort de vouloir en savoir plus.

 

 

 

 

Que veut dire le mot « arctique » ?

Le mot « arctique » vient du grec ancien « arktos » qui veut dire « ours ».

Arctique-02

 

Définitions de l’Arctique

L’arctique est une région :

  • Située à l’aplomb du pôle nord céleste, où se trouve la constellation des ourses ;
  • Située au nord du cercle polaire arctique, à la latitude 66°33’ N ;
  • Où lors des solstices, il fait jour ou nuit pendant 24 heures ;
  • Où la température moyenne annuelle est de 0° et ne dépasse pas 10° en moyenne pour le mois le plus chaud ;
  • Au-delà de laquelle les arbres ne poussent plus, laissant place à la toundra, au désert glacé et à la banquise.

 

 

Conséquences de la situation géographique de l’Arctique

La terre est presque ronde, et elle tourne

Elle tourne sur elle-même alternant le jour et la nuit

Elle tourne autour du soleil, alternant les saisons

Mais aux pôles, l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre (23°23’) par rapport au plan de l’écliptique et l’aplatissement des pôles, induisent la succession de deux saisons au lieu de quatre :

L’été : des jours sans nuit

L’hiver : des nuits sans lumière.

Coordonnées géographiques

longitude et latitude

Les pôles : tout les oppose

Le pôle sud, ou l’Antarctique

Le pôle sud, ou l’Antarctique est un vaste continent recouvert d’une calotte de glace, cerné par l’océan Austral.

L’Antarctique est occupé par un continent d’une superficie de 14 millions de km2, recouvert à 98% par une calotte de glace épaisse de 2 km, masquant d’imposants reliefs : la chaîne transantarctique marquant la frontière entre l’Antarctique de l’Ouest doté d’une péninsule pointant vers l’Argentine, et l’Antarctique de l’Est dirigé vers l’Australie.

La calotte glacière se prolonge dans l’océan Austral par des plateformes de glace, celles de Ronne et de Ross, pouvant se fragmenter pour donner des icebergs.

L’hiver, l’eau de mer gèle formant une banquise épaisse de 40 à 60 cm, doublant la superficie du continent ; elle disparaît totalement durant l’été, expliquant ainsi l’absence de l’ours au pôle sud.

L’Antarctique n’appartient à personne.

Il est régi par un traité international, signé le 1er décembre 1959, et entré en vigueur le 23 juin 1961 : Afrique du Sud, Argentine, Australie, Belgique, Etats-Unis, France, Japon, Norvège, Nouvelle Zélande, Royaume Uni, URSS.

Ce traité garantit que les territoires situés au-delà de 60° de latitude sud, sont utilisés à des fins pacifiques.

Le protocole de Madrid, signé le 4 octobre 1991, et mis en application le 14 janvier 1998, stipule que cette zone est devenue une réserve naturelle internationale consacrée à la science et à la paix, et que l’exploitation des ressources y est interdite jusqu’en 2048.

Le pôle nord, ou l’Arctique

Le pôle nord, ou l’Arctique est un océan englacé, parsemé d’îles, cerné de mers, et entouré de continents

L’océan glacial arctique est le plus petit des cinq océans, ayant une superficie de 13 millions de km2, et une profondeur de 4 000 m.

Il communique avec le nord de l’océan Atlantique, recevant de grandes masses d’eau à travers la mer de Barents et le détroit de Fram ; il est en contact avec l’océan Pacifique à travers le détroit de Béring.

Il est traversé par plusieurs dorsales océaniques (frontière de divergence entre deux plaques tectoniques s’écartant l’une de l’autre, coexistant avec une remontée du manteau terrestre, donnant naissance à des chaînes de montagnes sous-marines) : les dorsales de Lomonossov, Mendeleïev, Gakkell.

Il est recouvert en partie par une banquise épaisse de 1 à 2 m, voire 3 à 4 pour la plus vieille, dont l’extension varie selon les saisons, mais dont une partie ne fond pas : la glace pérenne.

Il est parsemé d’îles : archipel canadien, Groenland, archipel du Svalbard (Spitzberg), Terre François Joseph, Nouvelle Zemble, Terre du Nord, Îles de la Nouvelle Sibérie.

Il est entouré par les continents eurasien et américain, se partageant entre le Canada, les USA (Alaska), le Danemark (Groenland), la Norvège (archipel du Svalbard), et la Russie.



Arctique-03-pe-victorUn peu d'histoire

Avec le froid polaire et cet environnement hostille, on se dit que la présence de l'homme en arctique est très rescente et qu'elle est due à la science, pas du tout !

Imaginez-vous qu'en 330 avant J.-C. c'est une certitude, des hommes navigaient déjà vers le nord par soif d'aventure et sans le moindre doute, à la recherche d'immenses frissons. Pour ceux-là, il existe des traces de leurs exploits mais on peut penser que d'autres, avant eux, ont tenté l'expérience

 

Histoire de l’Arctique

330 av. J.-C.

Pythéas, navigateur grec parti de Marseille, navigue vers le nord et atteint les Îles Shetland ou l’Islande ;

pytheas

Vers 982

le Viking Erik le Rouge part de Scandinavie pour l’Islande, puis chassé de l’île, fonde une colonie au Groenland ;

drakkar

1594-14597,

le Néerlandais Willem Barents découvre le Spitzberg, mais le navire pris dans les glaces est forcé d’hiverner au nord de la Nouvelle Zemble (76°N) ;

William Barents

1616 :

à la recherche du passage du Nord-Ouest, les Anglais William Baffin et Robert Bylot remontent la côte ouest du Groenland jusqu’au 77°45’N ;

William Baffin

1725-1741 :

Le Danois Vitus Béring, envoyé par le Tsar Pierre le Grand, découvre le détroit entre la Sibérie et l’Amérique, les Îles Aléoutienne et la côte sud de l’Alaska

Vitus Bering

1818 :

les Anglais John Ross et Edward Parry pénètrent dans la baie de Melville au nord de la côte ouest du Groenland, et deviennent les premiers européens à rencontrer des Esquimaux ;

John Ross

1878-1879 :

le Suédois Adolf Erik Nordenskjöld navigue le long des côtes de Sibérie, hiverne pendant 294 jours et franchit le détroit de Béring le 20 juillet 1879

Adolf-Erik Nordenskjold

1893-1896:

le Norvégien Fridtjof Nansen dérive avec le Fram à travers l’océan Arctique et apporte la preuve de l’existence du courant marin transpolaire qui fait dériver la banquise ;

Fridtjof Nansen

1903-1906 :

après un périple de 3 ans, le passage du Nord-Ouest est conquis par le Norvégien Roald Amundsen ;

Roald Amundsen

1937-1938 :

le Soviétique Ivan Papanine et plusieurs compagnons, partis de l’archipel François-Joseph, atterrissent en avion à 89°43’N et établissent la première base dérivante, dérivant pendant 9 mois jusqu’à la mer du Groenland ;

Ivan-Papanin

1948-1953 :

le Français Paul-Emile Victor monte plusieurs expéditions au Groenland ;

Paul-Emile Vistor

1958 :

le sous-marin nucléaire américain Nautilus traverse l’océan Arctique et passe sous le pôle nord le 3 août ; le 17 mars 1961, le sous-marin nucléaire américain Skate fait surface à 90°N ;

USS Nautilus

1968-1969 :

le Britannique Wally Herbert relie Point Barrow (Alaska) au Spitsberg, en passant par le pôle en traîneau ;

wally-herbert

2 août 2007 :

un bathyscaphe russe plante, au fond de l’océan Arctique, un drapeau en titane, à la verticale du pôle nord.

drapeau 1

 

 


 

Les peuples de l’Arctique

peuple-arctique-01Ils ont développé des modes de vie très adaptés aux conditions de vie difficile : climat très froid, végétation clairsemée, nuit polaire…

Bien que répartis sur une surface immense et que leur nombre soit faible, ils ont une ressemblance frappante, qu’ils soient originaires de Sibérie, du nord de l’Europe ou de l’Amérique arctique : vêtements, outils, techniques, organisation sociale, éléments culturels.

Mais il existe des différences :

  • Sédentarisation / nomadisation
  • Chasse / élevage
  • Espèces exploitées

 

Rapports avec les autres peuples.

L’histoire du peuplement de l’Arctique est celle de la survie et de l’adaptation des hommes dans les conditions extrêmes, pendant trois millénaires : culture du Dorset et de Thulé.

peuple-arctique-02

Les principaux peuples de l’Arctique

 

  • Les Inuits ou Esquimaux : nord-est de la Sibérie, Alaska, Canada, Groenland (150 000) ;
  • Les Sâmes ou Lapons : nord de la Scandinavie, ouest de la Russie (entre 60 et 100 00 ) ;
  • Les « Petits Peuples du Nord » de la Russie, regroupant une mosaïque d’ethnies : Evenks, Nénetses, Tchouktches, Aléoutes… (> 50 000) ;
  • Les Yakoutes : Sibérie ( > 300 000 ).

Les villages arctiques

Les peuples riverains de l’Arctique

Les peuples riverains de l’Arctique sont fédérés au sein du Conseil arctique

Le Conseil arctique est un organisme intergouvernemental traitant des problèmes rencontrés par les gouvernements arctiques et le peuples de la région (Ottawa 1996) : promouvoir le développement durable dans la région, résoudre les problèmes sociaux, économiques et environnementaux.

Les membres permanents sont les pays suivants :

  • Canada ;
  • Danemark ;
  • Etats Unis ;
  • Finlande ;
  • Islande ;
  • Norvège ;
  • Suède ;
  • Russie.

De nombreux pays sont invités en tant qu’observateurs.

 


 

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La flore arctique

La toundra désigne la formation végétale circumpolaire qui succède vers le nord à la taïga (zone qui accueille les arbres).

Elle se développe sur un sol gelé en permanence, du moins en profondeur : le pergélisol.

Du sud au nord, on rencontre d’abord la toundra arbustive avec des landes à arbustes comprenant de nombreuses espèces de saules herbacés nains, des landes, puis des pelouses (toundra herbeuse), enfin des zones où la végétation n’est plus représentée que par des mousses et des lichens.

Ces plantes ont une croissance ralentie par le gel, le vent, l’alternance d’une longue nuit hivernale et d’un long jour estival, la pauvreté du sol (faible activité bactérienne).

Cette courte période végétative est cependant suffisante pour attirer de nombreux oiseaux migrateurs (eider, bernache, oie des neiges) : c’est une zone de vie animale intense et de reproduction.

 

Morse-01

La faune arctique

Plancton et krill

La rencontre des courants marins nord-sud fait des mers arctiques des eaux d’une extrême richesse en micro-organismes, dont un grand nombre se concentre aux abords des polynies (étendues de mer libre dans la banquise), des chenaux, des côtes libres de glace, ainsi qu’aux marges de la banquise.

Les mammifères

Les mammifères ont développé des poils creux, une épaisse couche de graisse et une augmentation de taille, leur permettant de résister au froid.

Mammifères terrestres : l’ours polaire, le renne ou caribou, le bœuf musqué, le lièvre arctique, le renard polaire, le lemming…

Mammifères marins : on dénombre six espèces de phoque, deux espèces d’otarie, des morses, onze espèces de cétacé à dents, huit espèces de cétacé à fanon.

Les oiseaux

Oiseaux (plus d’une centaine) : le grand duc arctique, le faucon gerfaut, la chouette harfang des neiges, le lagopède, le grand corbeau, la mouette ivoire…

Il faut le savoir

S’il n’existe pas de pingouin en Arctique, il n’existe pas d’ours polaire en Antarctique !

 


 

Les conséquences de la dernière glaciation

Périodes glaciaires et interglaciaires

Depuis 1,8 millions d’années, la Terre subit une alternance de périodes glaciaires et interglaciaires, rythmées principalement par des phénomènes astronomiques : variation d’excentricité de l’ellipse de l’orbite terrestre, obliquité de l’axe des pôles, précession des équinoxes.

Une période glaciaire dure environ 80 000 ans, alors que les périodes interglaciaires sont plus courtes, allant de quelques milliers d’années à 20 000 ans.
Au moment du dernier âge glaciaire, il y a environ 20 000 ans, le sol européen était en partie gelé, la température en hiver descendait à – 30°, et le niveau des mers était inférieur de 120 m.
Nous sommes actuellement dans une période interglaciaire, appelée l’holocène, à laquelle devrait succéder une période glaciaire qui pourrait être retardée par la hausse récente et rapide du CO2 atmosphérique.

Deux paramètres influent donc sur le climat de la Terre

La position astronomique de la Terre par rapport au soleil, qui modifie la quantité d’énergie qu’elle reçoit : paramètres astronomiques ;
La concentration des gaz à effet de serre : paramètres terrestres.

L’Arctique ou la cryosphère (le domaine du froid)

La cryosphère englobe :

Le sol gelé = le pergélisol (permafrost, en Anglais) ;

Les glaces continentales = les glaciers et la calotte glaciaire groenlandaise ;

La banquise = la glace de mer.

 

1° Le sol gelé

C’est un sol qui se maintient constamment à une température égale ou inférieure à 0°, pendant au moins deux ans.

Son épaisseur varie de 20 m au sud, pour atteindre 300 m dans les zones déglacées il y a plus de 10 000 ans, et plus de 600 m dans les secteurs hypercontinentaux de Sibérie.

En profondeur, vers 200 m, il abrite des restes de végétaux, animaux et microbiens, gelés depuis des dizaines de milliers d’années : ce stock de carbone organique enfoui dans le pergélisol arctique représenterait deux fois la quantité de carbone dans l’atmosphère.

Or ce pergélisol fond : des tourbières et des lacs apparaissent, au fond desquels, la matière organique, libérée du gel, fermente en l’absence d’oxygène, et émet du méthane.

2° Les glaces continentales

  1. Les glaciers et les petites calottes glaciaires de l’archipel canadien, de l’Alaska, du Svalbard et des îles russes
  2. Le Groenland : la deuxième plus grande calotte glaciaire sur Terre, après celle de l’Antarctique

groenland-01Le Groenland : la plus grande île sur Terre

2 175 000 km2 (quatre fois la France), dont 1 833 900 km2 recouverts de glace (Inlandsis : 84 %)

2 000 km de longueur et 1 050 km de largeur

Littoral : 44 087 km de côtes

Sommet le plus haut : le mont Gunnbjorn (3 733 m).

Histoire du Groenland

C’est celle de la survie et de l’adaptation des hommes dans les conditions extrêmes de l’Arctique, pendant trois millénaires.

982 : découvert par les Vikings islandais qui y restent plus de quatre siècles.

13èmesiècle : des peuples inuits, y vivant actuellement, viennent s’y établir.

1721 : les autorités danoises organisent une expédition missionnaire – statut de colonie jusqu’en 1953.

1979 : autonomie renforcée.

57 000 habitants.

Capitale : Nuuk, sur la côte ouest.

Spécificité du Groenland

C’est une île recouverte à 80 % de glace

C’est une île entourée partiellement par la banquise (glace de mer).

groenland-02Morphologie du Groenland


C’est une énorme cuvette centrale coincée entre deux chaînes montagneuses, à l’est et à l’ouest, pouvant ressembler à :

  • Un coquetier avec son œuf ;
  • Une glace en cornet ;
  • Une pieuvre.

 

 

calotte 01La calotte glaciaire est un inlandsis dont la superficie est supérieure à 50 000 km2

Elle s’est formée il y a trois millions d’années, quand le climat s’est refroidi entre 1 et 2° : le gradient thermique entre l’océan « chaud » et le continent très froid a provoqué le développement de tempêtes de neige.La neige tassée s’est transformée en glace : sous le poids de la glace, la plaque continentale s’est enfoncée, entraînant la formation d’une large cuvette centrale.

La glace du cœur met très longtemps à atteindre la mer : en profondeur, la glace a plusieurs milliers d’années, ce qui permet le carottage pour l’étude du climat passé.

C’est la température de la base de la calotte glaciaire qui contrôle l’écoulement de la glace : les variations en surface sont amorties et atteignent la base en un temps très long - 60 ans pour atteindre 10 m de profondeur, 60 000 ans pour 3 100 m - : la température de la base est donc celle du dernier âge glaciaire.

Si la totalité de la calotte glaciaire fondait, le niveau des mers s’élèverait de 6,5 m, versus 25 cm pour les glaciers arctiques et 1 mm pour les glaciers alpins.

Les glaciers et la calotte glaciaire fonctionnent comme un compte en banque

  • Crédit = accumulation de la neige (chute de la neige) ;
  • Débit = ablation de la glace (fonte de la glace).

glacier-01Les glaciers

Le glacier est une rivière gelée qui s’écoule sous son poids, creusant la vallée, arrachant des blocs de rochers formant les moraines latérales, et une moraine centrale lorsque deux glaciers se rencontrent.

Vers la côte, la vitesse d’écoulement de la glace s’accélère, canalisée par les glaciers latéraux : elle est de plusieurs mètres par jour, jusqu’à 10 mètres en cas de rupture (on parle alors d’un « surge » ou avancée glaciaire accélérée).

Une fois en mer, la langue glaciaire détachée de son lit rocheux, plus légère que l’eau, se met à flotter.

Les blocs de glace s’écroulent dans la mer, dans un bruit de tonnerre : ainsi naissent les icebergs, ces montagnes de glace.

Les glaciers, moins froids que la calotte glaciaire, réagissent plus vite au réchauffement climatique.

Mécanisme de la fonte des glaces

Le glacier est attaqué au niveau de ses trois interfaces :

  • L’interface « glace – socle rocheux » : le bas du glacier ;
  • L’interface « glace – air » : le haut du glacier ;
  • L’interface « glace – eau de mer » : l’avant du glacier.

L’interface « glace – socle rocheux »

Il est responsable de l’écoulement du glacier.

Les forces de frottement et la chaleur émise par la Terre (géothermie), entraînent un dégagement de chaleur responsable de la fonte de la glace avec apparition d’un torrent sous-glaciaire donnant une eau lubrifiante.

Lors des ruptures de pente, apparaissent des séracs : sous la poussée, la langue glaciaire se fragmente.

riviere-01

L’interface « glace – air »

L’air est avant tout un isolant (pour preuve, la technique d’habillement en couches successives, afin de lutter contre le froid).

 

Le réchauffement saisonnier et le réchauffement climatique global entraînent une fonte localisée de la glace, ce qui associé à l’effet « albédo », accélère ainsi le processus de fonte, avec apparition de lacs, de bédières, de rivières, et de moulins, alimentant ainsi le torrent sous-glaciaire et l’eau lubrifiante.

 

L’interface « glace-eau de mer »

La poussée d’écoulement du glacier, associée au grand pouvoir de solubilité de l’eau par rapport à l’air et à la circulation de l’eau océanique (courants, marée, houle), entraîne une fonte partielle de la glace, avec fragmentation du front du glacier : le front du glacier est en fait une machine à fabriquer des icebergs (vêlage).

 

iceberg-01Les icebergs

Ce sont des montagnes d’eau douce, arrachées au glacier, transportant des roches et des poussières, dérivant sur la mer.

En Arctique, ils sont hauts et massifs, mais parfois tabulaires.

Leur volume immergé représente près de 90% de leur volume total : la masse volumique de la glace est de 0,917 kg/dm3, et celle de l’eau salée de 1,025 kg/dm3.

Quand ils sont propres (glace pure), ils ont parfois une couleur bleue, en rapport avec l’absorption différentielle de la molécule H2O, molécule absorbant davantage les longues longueurs d’onde (rouge) que les courtes (bleu) : éclairée par la lumière blanche du soleil, la lumière qui ressort de la glace, privée de ses radiations rouges, paraît donc bleue.

Les icebergs, errant sur l’océan arctique, se retournant au gré des courants et des dislocations successives, sont, pour un temps plus ou moins long, des cathédrales en péril, se sculptant sans arrêt, avant de disparaître.

Contribution de la fonte des glaces à l’élévation du niveau moyen des océans

Le niveau moyen des océans croît d’environ 3 mm par an, en rapport avec :

  1. La fonte des glaces terrestres de l’Arctique : 40 %
  2. La fonte des glaces terrestres de l’Antarctique : 15 %
  3. Si dans un verre rempli à ras-bord de whisky, on rajoute des glaçons, le verre déborde (poussée d’Archimède)
  4. L’élévation de la température, entraînant une dilatation des océans : 45 %
  5. La fonte de la banquise arctique : 0 %

Si un verre contenant des glaçons est rempli à ras-bord de whisky, la fonte des glaçons n’entraîne aucun débordement (poussée d’Archimède préexistante

Une video montrant la création des icebergs par la rupture d'un glacier arrivant dans la mer REMETTRE LA VIDEO

banquise-013° La banquise

Une étendue de mer gelée

On distingue la banquise pérenne, d’une épaisseur de 3 à 4 m, qui persiste après la fonte estivale, et la banquise saisonnière qui disparaît chaque été.

La banquise saisonnière se forme durant l’hiver polaire : c’est l’embâcle.

Lorsque le froid polaire s’installe parfois brutalement (- 40°) ; la surface de l’océan se refroidit, mais en raison des mouvements de la mer (houle, vagues), la glace ne prend pas d’un seul coup.

Lorsque la température de l’eau de mer descend au-dessous de -1,86°, les premières paillettes de glace cristallisent : c’est le frazil, puis la mélasse (couche huileuse) et enfin la glace en crêpe qui va former des plaques plus ou moins étendues (les floes).

La banquise s’épaissit alors lentement par sa face inférieure : l’épaisseur de glace peut atteindre 1n5 m à 2 m, sans compter la neige qui s’y accumule, ainsi que les projections d’eau de mer.

L’eu de mer se dessale en gelant, expulsant le sel vers les eaux profondes.

La flottabilité de la banquise est due à la différence de densité entre la glace et celle de l’eau liquide : elle est d’environ 9 % ; la glace moins dense, subit ainsi la poussée d’Archimède, et flotte.

Les vents, les courants et les chocs avec les icebergs dérivants font bouger la banquise, la fracturent, la compriment et créent des fissures, des failles, des crêtes de compression, des chevauchements de plaques : c’est la dérive arctique.

A la fin de l’hiver, la banquise saisonnière se disloque et fond : c’est la débâcle.

 

 

ours-01Banquise et ours polaire

L’ours polaire ne se nourrit pratiquement que de phoques.

Or il chasse le phoque uniquement sur la banquise.

Si la banquise pérenne disparaît, l’ours ne pourra plus attendre la formation de la banquise saisonnière, la période entre la débâcle et l’embâcle devenant de plus en plus longue.

L’ours polaire est donc, actuellement, en grand danger.

 

 

 

 

 


 

Les enjeux de l’Arctique

Le réchauffement climatique

L’Arctique s’est réchauffé de presque 2° depuis le début des mesures instrumentales, vers 1880, avec des périodes de refroidissement, contre seulement 0,8° pour la planète entière.

De plus, cette tendance s’accentue depuis les années 1960 : sur cette période, la température a crû de 2°, mais de façon continue.

En Arctique, le réchauffement global est amplifié par divers réactions en chaîne, appelées « rétroactions positives », notamment :

  • L’augmentation de la teneur en vapeur d’eau de l’atmosphère et de la nébulosité observée au-dessus de l’Arctique ;
  • La modification de l’albédo, avec un rayonnement solaire davantage absorbé, ce qui accélère toujours plus le processus de fonte et, in fine, le réchauffement.

Double record, en septembre 2012 : la banquise de l’océan Arctique a atteint sa plus petite superficie depuis le début des mesures en 1979 (moins de 3,6 millions de km2), et pour la première fois, la calotte de glace qui recouvre le Groenland a fondu superficiellement sur toute sa surface.

Cette augmentation de la fonte accentue à son tour le réchauffement.

L’océan Arctique, lui aussi se dérègle : il se réchauffe en superficie et en profondeur, et la quantité d’eau douce qu’il contient augmente : ce dérèglement fragilise l’équilibre de la planète en agissant notamment sur les courants marins.

Le pergélisol pourrait, lui aussi, en se réchauffant, libérer du méthane, puissant gaz à effet de serre.

Par sa fragilité, l’Arctique apparaît comme la sentinelle du changement climatique sur la Terre.

Conséquences de la fonte de la banquise arctique

La fonte de la banquise arctique change la géographie du pôle Nord, en libérant des espaces englacés ; il s’en suit :

  • L’ouverture de nouvelles voies maritimes ; passage du Nord-Est, passage du Nord-Ouest, pont arctique ;
  • L’apparition de problèmes territoriaux pour les pays riverains, et problèmes de droit de la mer : extension des zones économiques exclusives ; détroits (le Canada a-t-il perdu le Nord ?) ;
  • L’exploitation du potentiel énergétique (gaz, pétrole, minerais), et des ressources halieutiques.

La fonte de la banquise arctique a un impact majeur sur la biodiversité.

  • La flore : progression vers le Nord, de la limite des arbres ;
  • La faune : espèces animales menacées de disparation (ours polaire), intrusion de nouvelles espèces (le renard roux entrant en conflit avec le renard blanc arctique, …).

Enjeux militaires et stratégiques

Ouverture de nouvelles routes maritimes

Problèmes territoriaux et droit de la mer

La Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (Montego Bay, Jamaïque, 1982), par son Article 76, fixe les règles qui permettent de déterminer si l’Etat côtier peut revendiquer un plateau continental et d’en fixer les limites, jusqu’à 350 miles (fonds marins et sous-sol de la mer).

La fonte de la banquise arctique libère des passages entre les îles de l’archipel canadien, passages actuellement sous souveraineté canadienne, car recouverts de glace, mais qui, avec la disparition de la banquise, vont devenir des détroits sur lesquels devrait s’appliquer la réglementation internationale du Droit de la Mer : le Canada-t-il perdu le Nord ?

Potentiel énergétique

Impact sur la faune et la flore

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